Full Tilt Rush Poker : stratégie de l'extrême
Passé la classique période « mais qu’est-ce que c’est que ce truc, c’est débile ! » totalement standard, je me suis finalement décidé à essayer la dernière création de Full Tilt : le Rush Poker.
OK, on me l’a en fait demandé pour la Chronique. Mais… je dois avouer que j’en suis tombé amoureux !
Rush Poker : «quick fold» et hop!
Petit rappel si vous avez débuté l’année 2010 sur une île déserte : le Rush Poker réduit au maximum les temps d’attente entre les mains. Vous avez reçu une poubelle ? Le joueur en premier de parole a relancé et vous ne vous imaginez pas le surelancer ? Pas de problème, jetez et vous êtes déplacé quasi instantanément à une nouvelle table pour jouer une nouvelle main. Mieux encore, même pas besoin d’attendre votre tour pour jeter vos mauvaises cartes : cliquez sur le bouton «quick fold» et hop! une nouvelle table et une nouvelle mains vous attendent.
Avantage du système : on tourne facilement à 400 mains par heure sur une seule table. Multitabler est toujours possible même si, pour être honnête, je n’ai pas encore joué plus de deux tables. Vu que, même pour moi, cela ne pose aucun problème, les plus vifs devraient sans souci pouvoir jouer 6, voire 8 tables, et faire tomber les records horaires. Attention tout de même au rush d’adrénaline qui vous attend, on a vite fait de se retrouver en apnée…
Inconvénient : le problème de lecture
Inconvénient, et principal reproche qu’on peut faire à cette "variante" : l’image rentre très peu en ligne de compte, personne ne sait que vous venez de gagner, ou perdre, deux caves la main d’avant. Ou que c’est la cinquième fois de suite que vous relancez au Bouton. Vous jouez quasiment en permanence contre de complets inconnus. Cela enlève donc au Rush Poker une bonne part de ce qui fait le sel du cash game classique.
En tout cas, en théorie… Parce que, au final, ce genre de jeu avancé est tout de même rare avant la NL200 ($1/$2). Si vous jouez en NL25($.10/$.25) ou NL50($.25/$.50), vous devriez voir peu de différences avec une table classique. Balancer ses ranges ou jouer pour la déception, l’image, ne sont pas des armes nécessaires aux petites limites. N’oubliez pas non plus que, à ces limites, personne ou presque ne fera l’effort de revenir en arrière pour savoir quelle main vous avez montré à l’abattage.
Et les principaux éditeurs de trackers se sont rapidement adaptés et disposent de solutions efficaces (au moins partiellement). On peut donc disposer tout de même d’informations sur ses adversaires, même si c’est seulement sur de faibles échantillons.
Du coup, le Rush Poker s’apparente beaucoup au poker de tournoi : il faut savoir prendre de bonnes décisions avec le minimum d’informations sur ses adversaires. Dans la même veine, l’action se poursuit rarement au-delà du flop; ce qui est logique : en l’absence d’informations, il faut vraiment marcher sur des œufs avec des mains marginales. Personne (enfin, aucun joueur décent) n’étant vraiment impatient au point de vouloir jouer chaque main (on en joue tellement !), la fold equity (FE) aux tables de Rush Poker s’apparente aussi beaucoup à celle qu’on peut trouver en tournois.
Etre Agressif postflop / flop
Pour autant, ça reste du cash game. Et tout bon joueur de Cash s’adaptera sans aucun souci aux particularités de la chose. C’est d’ailleurs l’intérêt des joueurs de Cash, le Rush Poker étant un excellent vivier, bien fourni en cibles de choix (sans compter que, puisqu’il est tout de même délicat de multitabler, le ratio fish/sharks sera nettement meilleur en Rush Poker). De même, le peu d’informations disponibles découragera en partie les meilleurs dans cet exercice de sacrifier cet avantage en jouant en Rush Poker ; ou leur fera perdre, effectivement, une de leurs principales forces.
Si vous êtes capable de développer un jeu agressif postflop / flop, sans forcément connaître votre adversaire, le Rush Poker sera pour vous une variante extrêmement rentable. Ne soyez pas étonné que vos gains sans aller à l’abattage (Non Showdown Winnings sur votre tracker) soient supérieurs à vos gains à l’abattage même si vous jouez seulement en NL25 ou NL50. La dynamique générale du Rush Poker se prête particulièrement à ce genre de jeu hyper agressif même aux plus petites limites (pas forcément NL10, ceci dit).
Le Rush Poker extrêmise vos défauts
Le véritable intérêt du Rush Poker, à mon avis, est d’extrêmiser les défauts. Les joueurs serrés sont encore plus serrés que d’ordinaire, ce qui est logique puisqu’une autre main les attend dans moins d’une seconde. Les joueurs agressifs virent à la limite du maniaque puisque leurs adversaires se couchent plus facilement. Et le gros large passif (qu’on adore) continue à vouloir jouer des flops et à sacrifier ainsi les ¾ des mains qu’il aurait pu recevoir dans le même temps pour se retrouver au mieux dans des situations marginales, commettant donc des erreurs encore plus pénalisantes (certes, il n’en avait pas forcément besoin).
Et cela compense pour beaucoup l’absence d’historique et d’image. Il est peut-être moins possible de jouer son adversaire comme on le ferait sur des tables normales. Mais il est par contre encore plus facile de cerner leurs faiblesses et de les exploiter rapidement.
Et si vous manquez d’informations, dites-vous bien que votre adversaire en manque aussi. Et plus il sera mauvais, moins il en aura et plus il sera pénalisé par rapport à vous. Le rush poker extrêmise donc également la valeur de l’information disponible. Prendre des notes est certes un peu moins facile (servez-vous du replayer) mais se révèle encore plus déterminant.
C’est vrai préflop. Mais ça l’est aussi ensuite. Il est par exemple moins probable que votre adversaire décide de miser flop et turn à poil. Déjà qu’il n’aime probablement pas ça en temps ordinaire, mais, avec le Rush Poker, pourquoi aller investir gros contre quelqu’un qui semble vouloir jouer sa main alors que, dans le même temps, on aura deux, trois ou cinq occasions de jouer une situation plus favorable ?
Solution : optimiser le nombre de mains/heures
Vous pourrez lire un peu partout des analyses du format qui tendent à défendre une approche LAG (Large Agressif) ou TAG (Serré Agressif) selon leur auteur. Là aussi, je pense que la formule favorise l’extrêmisation. Chacun défend un peu trop son camp. Et la vérité est probablement quelque part ailleurs. Le Rush Poker est à prendre comme une nouvelle variante, quelque part entre Cash Game classique et Tournois. Et, comme toute nouvelle variante, cela implique de s’adapter.
D’autant que rien n’est encore figé : le Rush Poker est encore tout jeune et évolue extrêmement vite. Quelques semaines d’existence ont déjà profondément modifié le metagame. Et l’arrivée récente des trackers (Poker Tracker 3 et Hold’em Manager sont désormais presque totalement compatibles) change encore la donne.
Quoi qu’il en soit, il semble que les tables de Rush Poker soient plus serrées que d’ordinaire. Ce qui est, après tout logique, le bouton QuickFold et le volume horaire poussant dans ce sens. Et vous voila torturé entre la possibilité de jouer serré due au volume et l’incitation à jouer plus large de par la dynamique générale.
La clé, à mon avis, passe par une optimisation du nombre de mains jouées. Chaque fois que vous vous investissez dans une main, vous renoncez au droit de recevoir d’autres mains tout le temps que celle en cours durera. Voler les blinds va généralement vous coûter une ou deux autres mains. Jouer un flop entre deux et cinq. Aller à l’abattage peut vous «coûter» plus d’un «tour de table».
Rush Poker vs Multitabling
C’est la principale différence avec le multitabling classique. Si jouer 400 mains par heure exige d’être sur 5 tables, par exemple, vous ne pourrez pas atteindre les 500 sans en ouvrir une (ou deux) autre(s). Avec le Rush Poker, vous pouvez atteindre le même résultat en jouant 20% plus « rapidement ».
Autre façon de voir le problème : si vous gagnez 10bb toutes les 100 mains jouées, chaque main non-jouée, car déjà investi dans une autre, représente 0,1bb d’équité perdue. Il est donc logique de vouloir éviter les situations les plus marginales si/puisque celles-ci peuvent passer de légèrement profitables dans des conditions normales à globalement perdantes, une fois prises en compte les X mains qu’on aurait reçues, sur une table de Rush Poker (d’autant plus qu’il est quasiment impossible d’en retirer un bénéfice d’image).
Evidemment, il n’est pas possible de déterminer avec précision l’équité de chaque main jouée. Mais il me semble primordial de bien comprendre ce principe : au Rush Poker, le temps passé à jouer une main est autant de mains qu’on ne jouera pas. Autant d’occasions qu’on n’exploitera pas. C’est une « contrainte » qui n’existe dans aucune aucune variante et dont il faut tenir compte.
Du coup, il semble logique de vouloir jouer plus serré que d’ordinaire. Je crains toutefois que ce raisonnement soit un peu prématuré. Seule certitude : les mains marginales n’ont pas leur place au rush poker et il faudra donc les éviter comme la peste. Cela devrait naturellement suffire/tendre à resserrer globalement votre jeu. Mais, pour autant, la dynamique plus tight et la Fold Equity supérieure doivent vous inciter à jouer un peu plus large.
Voyons dans le détail comment cela peut se concrétiser (sur les tables 6-max).
Les limpers : la « plaie » en NL10/25
Vu le paragraphe précédent, vous devriez vous douter que limper une main est une absurdité. Ça l’est déjà quasiment toujours en tables classiques. En Rush, ça n’a juste aucun sens vu que votre limp ralentit l’action et vous condamne à jouer une main marginale pour un profit lui aussi marginal (au mieux) mais pour un investissement temps élevé.
Inversement, si vous êtes de Grosse Blinde (BB), les limpers sont votre pire cauchemar. Il n’est en effet pas possible de coucher sa BB en avance à moins que quelqu’un ait relancé. Du coup, le joueur qui a limpé vous condamne à attendre que toute la table se couche avant de parler. Et il y en aura bien un ou deux pour réfléchir avant de finalement abandonner leur projet de relance ou pour limper aussi. Tout ce temps de perdu pour une main aléatoire qu’il va vous falloir jouer sans la position. Sans compter qu’un joueur qui limp est aussi souvent du genre à checker le flop, vous faisant du coup perdre encore du temps.
Plus encore que sur une table normale, il vous faut envisager de relancer (et de relancer fortement) pour punir systématiquement les limpers quand vous êtes de BB. Non seulement cela sera généralement un play positif. Mais en plus cela va vous permettre de jouer la main plus vite et de compenser la perte de volume.
Le jeu au bouton, la position la plus délicate
Le Bouton (BU) souffre aussi du handicap « temps ». Sur une table normale, vous pouvez attendre que toute la table se couche pour décider si la combinaison de votre main et des ranges de call/surelance des blinds vaut la peine d’être jouée. Une fois que la parole vous arrive, si le pot n’est pas ouvert, la range de relance sera généralement très large puisque vous aurez la possibilité de jouer en position contre des range de défense souvent larges aussi (ou de gagner les blinds sur des joueurs très serrés qui ne défendent pas suffisamment). Et si quelqu’un ouvre avant vous, ça ne vous coûte qu’une (petite) réflexion en moins.
Encore une fois, la dynamique du Rush Poker change un peu la donne. Jouer en position contre les blinds n’est en effet pas toujours aussi rentable. En particulier si la SB rentre dans le coup. Ce joueur avait la possibilité de QuickFold et ne l’a pas prise, signalant du coup une main décente. On a certes un peu plus de FE puisque la SB sera souvent déjà être en train de jouer une autre main, mais on fera face plus souvent à de meilleures mains en cas de call (si la FE est plus grande, la défense de blinds indique des ranges un peu meilleurs).
De même, la dynamique plus agressive de la formule entraîne aussi plus de risques de surelance.
De plus, il vous faut attendre que toute la table se couche, ce qui diminue le nombre de mains jouables potentielles. Avec le risque que quelqu’un relance avant, vous coûtant cette fois de l’argent puisque vous aurez renoncé à une ou plusieurs autres mains pour rien.
A moins d’avoir vraiment des joueurs très serrés dans les blinds, il me semble généralement préférable d’abandonner sans attendre beaucoup de ses mains au BU. Pas besoin non plus de resserrer à outrance, écrémer devrait suffire. Si votre tracker vous signale des blinds plus looses, ou un joueur qui ne joue pas avec une cave complète (une hérésie dans ce format), jouez carrément votre BU comme si c’était le Cutoff (CO, à droite du BU) voire le Hijack (HJ, deux sièges à droite du BU). Mais, dans tous les cas, le BU est clairement la position où vous devriez le plus envisager de QuickFold toute la partie basse de votre range de relance standard.
Quant à vos adversaires, c’est probablement la position où les joueurs LAGs s’ajusteront le moins bien. Là aussi, une punition s’impose!
Les positions moyennes (en tables de 6)
Si ma recommandation va vers un jeu plus serré que d’ordinaire au BU, ce sera l’inverse aux Cutoff (CO) et Hijack (HJ). La parole vous arrive légèrement plus vite. Votre propre position implique un range plus serré que si vous étiez au Bouton, donc plus de respect (et de FE). Et il sera très rare que le Bouton vous paie pour jouer en position. Ou soit capable, et ait envie, de 3-bet light alors qu’une opportunité d’être l’agresseur s’offre certainement à lui ailleurs (et si c’est le cas, jouez normalement votre position). Mais le temps que celui-ci couche sa main, alors qu’il va rarement choisir l’option QuickFold (normal, il est au BU, il se prépare à voler) laissera aux blinds l’occasion d’utiliser cette option (si ce n’était pas déjà fait pour la SB).
Au final, ces deux positions bénéficient d’un climat privilégié. Plus respectées que le Bouton, elles permettent de jouer plus rapidement et offrent une combinaison temps moyen/fold equity maximale. Il est donc logique d’ouvrir un peu vos ranges de relance. Là non plus, inutile d’aller trop loin et de se mettre à relancer tout et n’importe quoi au point d’être encore plus large qu’au Bouton. Si, déjà, cela suffit à compenser la perte d’agressivité au Bouton, c’est déjà pas mal.
Petite astuce : prenez un peu de temps quand vous décidez de relancer léger en milieu de parole. C’est certes un peu contradictoire avec tout ce que je viens de dire mais l’idée est d’inciter au maximum la SB a aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Inversement, relancez le plus vite possible vos bonnes mains pour éviter le QuickFold. Il est très improbable que quelqu’un remarque la différence…
Note : en NL10, il est inutile de vouloir beaucoup élargir sa range au HJ, il sera bien trop fréquent que, entre BU et CO, quelqu’un décide de vous payer vous mettant hors de position pour tout le reste de la main.
Les positions tout ou rien : UTG et SB
Je n’ai pas d’idée très arrêtée sur le style à adopter quand on est premier de parole (UTG). Si vous jouez en NL10 ou 25, il me semble en tout cas illusoire de vouloir jouer très large. Cela semble par contre nettement plus faisable en NL50 où il devient envisageable de « voler » en premier de parole.
La Small Blind (SB) est nettement plus complexe. Ne pas QuickFold revient en général à deux cas de figure : on fait face à une relance en fin de parole ou on va devoir jouer contre la BB sans la position. Dans les deux cas, des situations délicates et très coûteuses en temps, soit qu’on aura dû attendre que toute la table passe, soit qu’on devra jouer ensuite un ou deux tours d’enchères sans la position (au moins jusqu’en NL50, relancez de préférence un peu plus fort en SB. Le bouton Pot n’est pas votre ami, incitez la BB à aller voir quelle main l’attend ailleurs en relançant à 4bb par exemple). De même, payer en SB une relance du BU est déjà le plus souvent un choix très marginal, ça l’est aussi bien évidemment en Rush Poker (et tout ce qui est marginal perd en intérêt).
L’idéal est donc de décider dès qu’on reçoit sa main de QuickFold sauf si celle-ci est assez intéressante pour envisager de surelancer le BU/CO. Et, si c’est le cas, ce sera bien évidemment une main suffisante pour attaquer la BB.
Notez que « intéressante » ne veut pas dire premium. Bien au contraire : à partir du moment où on n’a pas utilisé tout de suite la possibilité de QuickFold en SB, on signale avoir une bonne main. On joue en effet dans la pire position possible (aussi bien en terme de jeu postflop que de temps d’attente), avec la possibilité de pouvoir instantanément passer à autre chose (option que n’a pas la BB) et on a malgré tout préféré attendre. Inutile d’être un expert en lecture de hand range pour comprendre qu’on a en général une bonne main.
Tout cela concourt bien évidemment à faire de la SB la position idéale pour surelancer light et je ne saurais trop vous conseiller d’en user... sinon d’en abuser vu que de nombreux joueurs sont hyperactifs en fin de parole. Votre position, votre image, sont idéales.
Jeu en surelance : le paradis du 3bet light
Le jeu plus rapide, la fold equity accrue par le bouton QuickFold (en particulier pour la SB), tout conduit à un jeu plus agressif en Rush que sur des tables classiques. Etre capable de surelancer light est donc un avantage de poids. L’investissement temps est limité, la rentabilité est forte et, là aussi, je pense que la fold equity est supérieure : qui a vraiment envie d’investir une somme déjà conséquente pour payer une surelance et jouer un flop sans trop de visibilité alors qu’il peut instantanément jouer une main moins problématique ?
Je ne sais pas exactement jusqu’où on peut aller en la matière. Ni comment le metagame s’adaptera. Mais il est pour l’instant très rentable d’être plus agressif dans ses surelances que sur des tables normales.
Evidemment, disposer d’un tracker adapté sera un plus indéniable. D’autant que, si celui-ci peine parfois à afficher les détails des joueurs, cela fournit un très bon moyen de mixer son jeu : l’affichage n’est pas immédiat, on laisse tomber. On a tout de suite les données nécessaires, on peut l’envisager.
A partir de la NL50, la même logique peut commencer à s’appliquer quand on se défend contre une surelance. N’ayez pas peur d’ouvrir un peu plus vos ranges de 4bet que vous en avez l’habitude si votre adversaire vous semble capable d’avoir lui-même ouvert un peu. N’oubliez pas qu’il y a une autre main qui l’attend quelque part. C’est notamment le cas si votre adversaire dispose d’un logo Iron Man : ce sont les joueurs les plus susceptibles de vous 3bet light en BB et, donc, de se coucher avec une parfaite régularité quand vous décidez de défendre votre relance.
Floating et donk bet
Si Dieu (ou qui que ce soit) a invité le donk bet (on paie préflop sans la position et on mise le premier au flop), c’est probablement en prévision du Rush Poker.
Le handicap majeur de ce move, c’est qu’on met de l’argent dans le pot, suscitant la convoitise de notre adversaire qui, s’il n’est pas complètement idiot, comprend bien que cette mise n’est que très rarement un signe de force. En conséquence, on se fait plus souvent payer/relancer qu’autre chose. Et on se retrouve à jouer sans la position un pot qui commence à grossir. Pas terrible.
C’est un peu différent au Rush Poker. Certes, notre adversaire va toujours percevoir notre mise pour ce qu’elle est. Mais il est nettement moins intéressant de s’embarquer dans une situation bancale alors qu’on joue tellement plus de mains. De fait, notre donk bet va être une véritable délivrance pour beaucoup de joueurs qui ont relancé une main médiocre, raté le flop et sont déjà mentalement en train de penser à toutes les mains qu’ils pourraient ne pas jouer si par hasard on paie leur mise de continuation.
Soyez sympa avec eux, donnez-leur l’occasion de terminer au plus vite cette main dont ils ne savent que faire pour aller en jouer d’autres ;)
Dans la même veine, le floating est aussi nettement plus efficace que sur des tables classiques. Certes, on investit beaucoup de temps et d’argent pour un résultat incertain. Mais la promesse d’autres mains marche comme pour le donk bet : notre adversaire aura plus souvent envie d’abandonner que sur des tables classiques face à un adversaire qui semble s’accrocher.
En règle générale, si on peut moins jouer l’adversaire en Rush qu’en tables standard, on peut beaucoup plus jouer le board et la situation (personne n’a réellement d’historique sur vous). Le fait de pouvoir jouer beaucoup plus de mains incite à éviter les situations marginales et génère moins d’envie de s’impliquer plus, ou même autant, que nécessaire. Que d’habitude.
Quand je disais que le Rush Poker était très proche du jeu en tournoi, ce n’était pas qu’une image. La possibilité de recevoir dix ou quinze mains dans la minute qui vient génère une attitude, une FE, très proche de celle du joueur de MTT qui pense à préserver son tapis dans l’espoir d’une main meilleure. Une attitude bien évidemment très facilement exploitable.
En conclusion : un bon jeu postflop
Le rythme sans pareil du Rush Poker a tendance à « extrêmiser » toutes les décisions des joueurs. A systématiser leurs actions. Ce qui permet une lecture beaucoup plus rapide et exploitable que sur des tables standard. En tout cas jusqu’en NL50.
Contrairement à une idée reçue, avoir un bon jeu postflop est au contraire primordial. Même si les situations seront moins nombreuses, elles sont aussi bien plus décisives et les erreurs nettement plus délicates à compenser.
Évidemment, si vous adorez baser votre jeu avec une extrême finesse et un historique de milliers de mains, le Rush Poker ne vous plaira pas (ceci dit, le Rush Poker est, à l’heure où j’écris, limité à la $1/$2 jusqu’où cela ne gêne pas). Mais, pour autant, c’est une variante qui offre de très nombreux intérêts. Et n’a rien du "poker en aveugle" dont il a été au départ qualifié. C’est au contraire, à mon avis, une forme de poker très intéressante. Certes, on ne dispose pas de bases de données de milliers de mains (acquises plus ou moins légalement) sur nos adversaires. Mais, justement, on peut aussi regretter cette tendance statistique du cash game classique.
Avec un bon tracker, et si vous savez prendre des notes efficaces sur les joueurs, vous allez toutefois assez vite disposer d’un échantillon qui permette de prendre des décisions. Certes, ce sera plus dans les conditions d’un joueur de tournois que d’un grinder, en vous basant sur quelques dizaines de mains au mieux. Mais celui qui sera capable de prendre un peu plus d’informations que les autres, et de l’analyser un peu mieux pour s’adapter le plus rapidement, trouvera dans le Rush Poker une forme de profit sans égal. La vitesse, la promesse d’une autre main sans attendre, tendent à accentuer les faiblesses des joueurs et les rendent d’autant plus prévisibles. Si la dynamique diffère du cash game standard, ça n’en reste pas moins du poker où gagner revient à lire vos adversaires pour exploiter leurs faiblesses. Le seul défi est de le faire avec beaucoup moins d’informations. Mais ça n’en est pas moins extrêmement profitable. Et un challenge terriblement motivant.
-----------------
TeSTer le RUsH PoKeR sur Full Tilt Poker
-----------------
N’ayez pas peur d’essayer. Et si possible sans idées préconçues, sans sombrer dans les stratégies ultra serré ou aggro dégénéré qui sont bien trop exploitables. Faites l’effort de comprendre la dynamique. De vous adapter stratégiquement. De jouer chaque main froidement, en essayant de l’optimiser. La très grande majorité de vos adversaires ne fera pas cet effort et se cantonnera à un plan trop basique. Une opportunité qu’on ne croise pas tous les jours…
Bankroll Booster Pokernews
> Freerolls Full Tilt Poker 1000$ (inscription avant le 21 février)
> Freerolls Winner Poker 1.000$ (inscription avant le 22 février)
> Les Freerolls Pokernews pour ramasser du cash en exclusivité.
Sélection Live Pokernews
> Direct Live Casino Antibes : tournoi de poker Deepstack du 22 au 28 février 2010
> Coupe de France de Poker 2010
> Casino Es Saadi : destination poker
> Séjour Las Vegas : le MResorts Poker et Spa à 75$ par jour