Histoire Poker : Las Vegas, Johnny Moss et la rencontre avec Benny Binion
Aux Etats-Unis, Bob Hooks a connu l'émergence du poker dans l'après-guerre, d'abord en tant que joueur itinérant sur les routes du Texas puis en tant que manager de la poker room au Binion’s Horseshoe lors de la première édition des World Series of Poker (WSOP) en 1972. Agé de 84 ans, on ne peut pas dire qu'il soit étranger au poker, pourtant son nom n'est pas resté dans l'histoire du poker.
Bob Hooks nous raconte ses souvenirs, l'occasion de retrouver des légendes du poker, telles T.J. Cloutier, Doc Ramsey, Benny Binion ou encore Johnny Moss. Après ses début, quand il parcourait les routes du Texas, Bob Hooks emménage à Las Vegas.
Bob Hooks, la vie d'un joueur
- Partie 1 : Histoire Poker : Bob Hooks, gambler itinérant sur les routes du Texas
- Partie 2 : Histoire Poker : Las Vegas, Johnny Moss et la rencontre avec Benny Binion
- Partie 3 : Histoire Poker : Amarillo Slim et sa victoire du Main Event WSOP 1972
- Partie 4 : Histoire Poker : Bob Hooks, 2d des WSOP 1975 et bookmaker à Dallas
- Partie 5 : Histoire Poker : Bob Hooks ou les souvenirs d'un joueur solitaire
Des plaines du Texas au désert du Nevada
La légende veut que le membre du Poker Hall of Fame Felton “Corky” McCorquodale ait introduit le Texas hold’em à Las Vegas quand il a ouvert une table de fixed limit Hold'em à $10/$20 au Golden Nugget. Mais auparavant, il était déjà devenu ami avec Hooks.
“Demandez moi qui est le meilleur joueur et je vous répondrai Corky. Ce fichu Uncle Corky” dit Hooks à propos de McCorquodale.
Malheureusement son amitié avec McCorquodale était difficilement compatible avec celle pour Moss :
“Je vais vous dire quelque chose que personne ne sait. Ils ne se souciaient pas l'un de l'autre. Savez-vous ce que Moss et les autres lui faisaient ? Quand Corky était broke, il le stakait de 5.000$, il allait jouait à l'hôtel et gagnait. S'il revenait avec 6.000$, il leur en rendait 3.000$ et gardait 3.000$. Après deux ou trois mois, sa bankroll était montée à 40.000$ ou 50.000$. Ils ne trichaient pas, vous savez ce qu'ils faisaient ? Ils lui achetaient une bouteille de Old Forester. Je savais quel whisky il buvait et ils lui achetaient une bouteille. Johnny le saoulait et lui prenait tout son argent. Cela ne veut pas dire que Johnny était méchant, Corky était tellement impuissant que ce n'était même pas drôle. Corky, j'adore ce mec. Il me disait toujours, ‘Hooks, que ta parole soit ta caution’. On n'a jamais rien dit de plus vrai”.
A cette époque, la nouvelle se répandait jusqu'au Texas, selon laquelle les parties étaient trop juteuses à Las Vegas pour ne pas les jouer. Hooks voulait s'y rendre, mais il ne parvenait pas à convaincre Moss de le suivre.
“Nous n'iront pas là-bas. Il n'y a rien de bon là-bas” lançait Moss catégoriquement. Hooks a suivi le commandement de Moss pendant un mois, mais l'appel de Las Vegas était trop fort. Hooks est alors parti sans son mentor. Il s'est avéré que Moss n'était pas le bienvenue à Las Vegas. Il avait emprunté de l'argent au chanteur Tony Bennett et n'avait pas pu le rembourser. Bennet, comme le raconte l'histoire, avait des liens avec la mafia, aussi on ne lui aurait pas déroulé le tapis rouge.
Comment Moss est-il arrivé à Las Vegas et s'est-il fait une place au panthéon du poker ? Grâce à un seul homme : Benny Binion lui-même.
“Vous ne pouviez pas déconnez avec 'l'équipe' – je les appelle l'équipe ou les Italiens – sauf si vous étiez Benny Binion. Benny leur a prêté 2$ millions à une occasion et depuis il n'a jamais eu de problème avec eux. Benny Binion a arrangé les soucis de Moss. S'il pouvait se permettre cela, c'est parce qu'un après-midi deux ‘agents de sécurité’ du Dunes avaient débarqué. Jack Binion a dit qu'ils étaient venus chercher de l'argent. Il disait que les mafieux en charge du Dunes étaient broke. Des congressistes venus de New York avaient eu de la chance aux dés pendant deux heures et avaient gagné tout l'argent du Dunes. Il leur restait de l'argent en banque, mais elles n'étaient pas ouvertes. Ils ont demandé à Benny s'il avait des liquidités disponibles – et il en avait toujours. Beaucoup je devine. Je suis descendu dans une grande et vieille salle, remplie de dollars en argent et des liasses de billets empilées comme des bottes de foin. Ils sont ressortis avec leur 2$ millions et Binion n'eut jamais aucun problème avec eux”.
Benny Binion et le premier job à Las Vegas
Hooks a continué de faire des allers-retours entre Dallas et Las Vegas et lors de l'un de ces voyages, Moss lui présenta Benny Binion. Ils se sont rencontrés au café du Horseshoe et Moss dit à Binion, “Il y a de l'embauche. Voici l'homme qu'il vous faut”.
La parole de Moss avait beaucoup de valeur pour le patriarche et le lendemain, on proposait un job à Hooks. Ce n'est pas quelque-chose que Hooks avait demandé, ni même qu'il avait souhaité. “Binion m'a appelé le lendemain et m'a proposé un emploi. J'avais une famille, une ferme, des vaches et me débattait pour réussir à gagner ma vie, ce qui était très difficile à l'époque” explique Hooks. “Il m'a appelé un vendredi et m'a dit ' Je te rappelle lundi et tu me donneras réponse. Je me suis dit ‘Whoa, whoa, je n'en ai pas encore parlé à ma famille’. C'était délicat, toute ma famille était à Edgewood. J'avais quatre enfants".
Hooks continue : “J'étais en train de jouer au Redmond Club en 1970, quand le téléphone a sonné. Il dit ‘Alors tu as réfléchi ?’ J'ai répondu, ‘Non monsieur’. Il m'a dit ‘Alors penses-y avant de raccrocher’ J'ai dit ‘OK, j'accepte’. Je ne savais pas ce que je faisais, ni ce que j'aurais à faire. Je savais que j'allais être un des patrons, ça je le savais. Dans les jours qui ont suivi, j'ai déménagé, toujours sans savoir quel allait être mon job”.
Avant de partir pour Vegas, Hooks devait annoncer à sa femme et ses enfants qu'ils allaient emménager dans une nouvelle maison. Ce n'était pas négociable, mais un fait accompli. Avec la 'permission' de sa famille, Hooks déménagea à Vegas et dû travailler la nuit.
“Ils voulaient m'apprendre comment établir des horaires, comment embaucher et ce qu'il fallait faire au cas où on attraperait un tricheur. Il y a avait énormément de tricheurs à cette époque” se rappelle Hooks. En ce temps, la triche était si fréquente que même Johnny Moss état impliqué.
“Il avait une petite-amie en Alabama. Je ne sais pas comment dire cela, mais elle l'aidait à truquer les paquets de cartes. Moss n'était pas un ange. Il n'y avait pas beaucoup d'anges en ce temps là. Elle avait des seins énormes. Je n'en ai jamais vu d'aussi gros de nos jours. Il suffisait qu'elle les agite et pendant que les joueurs regardaient tous, bingo, vous receviez les As”.
Si la triche était très répandue, Hooks avait pour mission de l'enrayer. “J'allais là-bas et ils montré comment ils s'y prenaientt pour tricher. Je voulais connaître leurs trucs pour protéger l'argent des joueurs".
à suivre ....
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