Pour Kasparov, Poutine joue au poker
Dans une interview à Radio Free Europe, Radio Liberty transcrite par Tony Wesolowsky et Franak Viachorka, Garry Kasparov explique que Vladimir Poutine joue au poker dans le conflit avec l'Ukraine.
Selon le leader de l'opposition russe, la légende des échecs Garry Kasparov, Vladimir Poutine a besoin d'être remis en place par l'Ouest concernant la manière dont il gère la question ukrainienne. Interrogé il y a moins d'une semaine en Pologne, Kasparov rappelle que l'Ukraine a abandonné ses armes nucléaires en 1994 en échange de la garantie de son intégrité territoriale par les USA, le Royaume-Uni et la Russie. L'annexion de la Crimée au début de l'année 2014 remet donc largement en cause le memorandum de Budapest selon Kasparov qui vit en exil aux Etats Unis.
"L'Ukraine devrait recevoir, à minima, des missiles anti-char et des armes défensives [...] Le principal est de renforcer les capacités de défense de l'armée ukrainienne, ce qui augmenterait les enjeux pour Poutine et son agression", explique le champion du monde qui pense que Poutine ne prend pas les sanctions européennes "sérieusement".
"Il a réussi à convaincre les élites russes et la classe moyenne que les sanctions ont été imposées par les élites de l'Ouest pour apaiser l'opinion public", ajoute Kasparov qui définit ensuite la manière de faire de la politique de l'actuel président russe. Plus orientée poker qu'échecs selon le spécialiste.
Le grand bluff
"Au contraire des échecs, la force de votre position est importante au poker... mais ce n'est pas tout. Vous pouvez compenser une main faible en bluffant votre adversaire. [...] Poutine est un maître pour exploiter cette faiblesse que l'Ouest a développé depuis 25 ans. L'Ouest, à travers ses leaders et ceux qui votent pour eux, n'est pas prêt à la confrontation. Donc Poutine en profite et il bluffe de manière flagrante", explique Kasparov avant d'ajouter que son adversaire ne reculera pas tant que les leaders de l'Ouest "ne montrent pas de volonté politique"
"Si la Russie ne revient pas au status quo d'avant l'annexion de la Crimée, il ne doit pas y avoir de discussions pour abaisser le niveau des sanctions ou un réchauffement des relations diplomatiques. [...] Il devrait y avoir un message clair de l'Ouest : La Russie de Poutine restera hors la loi et n'aura pas sa place dans le monde libre (avant le retrait de Crimée)", poursuit Kasparov avant de tenter de lire les intentions de Poutine.
"Il a besoin du chaos. Il a besoin d'une situation dans laquelle les institutions existantes n'ont plus de crédit (et notamment l'OTAN). Pour le contrer, il faut une stratégie à long terme", termine Kasparov qui voit en son adversaire un homme qui lutte pour sa survie politique et non pas un homme d'état visant le bien commun...
Leading picture : Fox News
