Yehoram Houri : "Un tournoi de poker à Vegas, c’est comme un péplum"
Révélation française de ces WSOP, Yehoram Houri a franchi un cap cet été avec sa place de Runner-up sur l'Event #42 (1 500 $ Extended Play). Ce joueur amateur, directeur d'une clinique, a montré beaucoup d'enthousiasme autour de la table. Une fraicheur revigorante pour le poker hexagonal. L'homme vient d'intégrer le projet ONPOK. Il a accepté de se confier dans un long entretien après son Vegas mémorable.
Revenons d’abord sur le Main Event que tu viens de disputer (465e / 21 786 $). Comment s’est-il passé ? Es-tu satisfait de ton parcours ?
Le Main Event est vraiment un tournoi à part. C’est le rêve de tous les joueurs de pouvoir le disputer. Il s’est déroulé quelques jours après ma table finale sur l’Event 42. J’ai considéré ce tournoi comme un bonus. J’étais usé physiquement et mentalement. Le début du tournoi a été assez difficile. J’ai trouvé plusieurs brelans qui m’ont permis de monter des jetons de manière assez linéaire sur les jours 1, 2 et 3. A la fin du Jour 3, je me retrouve avec 2 fois la moyenne. J’ai eu l’occasion de diner avec Patrick Bruel et Philippe Ktorza, ce fut un moment vraiment sympa. Je me suis vraiment senti en confiance. Et puis, le début du Jour 4 a été catastrophique, je bust à la 465e place un 80/20 mais c’est la vie, j ai eu ma part de réussite. Je suis tout de même satisfait de ce parcours.
Quel bilan fais-tu de ces WSOP ? Ta table finale et cette 2e place (295 727 $) resteront un grand moment pour toi.
Le bilan est positif à tous les points de vue, tant humainement et que financièrement. J'ai vécu un mois hors-norme. Participer à une table finale d’un tournoi des WSOP est quelque chose de tellement magique. Un excellent état d’esprit a régné à la table. Je n’ai pas trop de regret sur cette TF. J’étais short pendant un long moment. J’étais aussi complètement rincé. Le jeu en short handed reste une de mes faiblesses. C’est peut-être ce qui fait la différence avec les pros. Je n’ai pas encore revu cette TF mais ça ne saurait tarder. Je n’ai pas décroché de bracelet mais avec mon gain, je vais me payer une belle montre.
Sur Facebook, tu as posté un message en disant que tu étais heureux de montrer à ta famille et à tes amis que le poker n’est pas forcement synonyme de mafia, de triche. Explique-nous.
Effectivement, j’avais à cœur de montrer une autre image du poker que celle que beaucoup de monde peu encore avoir, c’est-à-dire une image caricaturale. Le poker ne se joue plus dans des salles enfumées. Aujourd’hui, le poker est une compétition qui est mise en scène comme un véritable show, surtout aux États-Unis. Un tournoi de poker à Vegas, c’est un peu comme un péplum.
J’ai été heureux de faire passer ce message à ma petite échelle.
Sur ces WSOP, il y a eu une forme d’engouement autour de toi. Comment l’expliques-tu ?
C’est vrai que j’ai reçu énormément de messages, notamment via les réseaux sociaux. Beaucoup de gens m’ont demandé en ami sur Facebook. Dans le rail de ma TF, de nombreux joueurs français étaient là pour me soutenir, notamment Hugo Pingray que je ne connaissais même pas personnellement. Des tops pros sont même venus me féliciter naturellement. Ça fait chaud au cœur surtout quand se sont des personnes qu’on admire et respecte énormément. Ça fait chaud au cœur. A Paris, beaucoup de mes amis ont fait une nuit blanche et m’ont dit ne pas avoir regretté.
A la table, j’aime exprimer mes émotions. Ce jeu est incroyable, il fait vivre des émotions tellement fortes. J’éprouve un grand enthousiasme à jouer, je prends du plaisir. Ceux qui me suivent le ressentent sans doute. Je ne suis pas une machine.
Ce tournoi était aussi fort en émotion pour moi. Mon grand-père, joueur de bridge, en phase de cancer terminal a aussi suivi ma table finale. Je suis heureux de lui avoir fait vivre cela.
Sur le Main Event, tu as rencontré Antonio Esfandiari, le courant est bien passé avec lui, je crois.
Oui, c’est vraiment un type très sympa. Nous avons beaucoup parlé de la France, il adore le restaurant L’Entrecôte ! On a même prévu de se revoir pour du coaching. Il me fera progresser en Short Handed.
Tu es un joueur amateur, tu dis souvent que c’est un atout. Pourquoi ?
Je pense qu’il est important d’avoir une stabilité financière que m'apporte mon travail au quotidien. Je n’ai pas de pression quant à mes résultats. C’est vraiment un poids en moins. Un autre élément important est aussi d’avoir eu ma femme et ma fille sur ces WSOP.
Il y a quelques jours, Guy Pariente annonçait dans les colonnes de PokerNews, le lancement d’un projet ambitieux baptisé ONPOK. Tu fais parti des joueurs qui intègre la Team. Raconte-nous comment cela s’est passé.
Le journaliste et couvreur Fabien Richard m’a annoncé lors du Day 1 de l’Event #42 qu’il travaillait sur un gros projet pour le compte de Guy Pariente et m’a demandé si cela pouvait m’intéresser. J’ai ensuite rencontré Guy Pariente qui m’a parlé davantage de son projet. Il m’a indiqué qu’il voulait que j’intègre sa Team. J’ai accepté à mes conditions. Je reste un amateur. Mon emploi du temps est bien rempli. Je vais jouer sous les couleurs d’ONPOK, le Main des WSOPE à Berlin, puis le PCA et ensuite on verra selon le calendrier. C’est une aventure formidable pour moi et je réalise la chance que j’ai par rapport aux pros qui rêvent de cette opportunité.
Dans ton aventure poker, tu as un ami, le comédien Julien Sitbon, bien connu sur le circuit, qui t’a accompagné.
En effet, depuis 6 mois, Julien est aussi l’un de mes associés. Ces derniers mois, en attendant l’ouverture de ma clinique, nous avons décidé d’arpenter le circuit tous les deux. Nous nous sommes épaulés. J’ai aussi appris à ses côtés. Sur ma TF, il était dans le rail et m’a donné des conseils précieux lors des breaks, comme d’autres pros (Reard, KasherSoze, Jellyfish, Tedeschi...) qui m’ont poussé a jouer mon meilleur poker. Je remercie aussi Gregory Chochon qui a outrepassé ses fonctions de Directeur aux WSOP pour me soutenir… la fibre française sans doute et l’amitié rapide nous a lié.
Quels sont tes faiblesses et tes forces ?
Le jeu en short handed est clairement une de mes faiblesses. Mes points forts, je dirais, la patience, la capacité à faire de bons folds. Une certaine solidité, je pars rarement en tilt. J’ai aussi une capacité à détecter les failles chez mes adversaires.