Agressivité : être un joueur gagnant
Si jouer au poker demande du fair-play,de la courtoisie et une certaine "éthique" de la part des joueurs à la table, il est en revanche un mot qui revient sans cesse lorsqu'il s'agit de faire parler les jetons : l'agressivité. Qu'ils aient un style serré ou large, seuls les joueurs agressifs sont gagnants sur le long terme. Il n'est pas question d'agresser physiquement ou verbalement ses adversaires bien que certains joueurs soient passés maîtres dans l'art du "trash talk"), mais de trouver un équilibre entre le nombre de fois où l'on mise et relance comparativement au nombre de fois où l'on suit une mise. Un joueur dit agressif étant un joueur qui mise et relance plus souvent qu'il ne suit.
L'initiative et le Gap Concept
Le Gap Concept est énoncé dans le livre Tournament Poker for Advanced Player par David Sklansky. Il affirme que : "Vous avez besoin d'une meilleure main pour jouer contre quelqu'un qui déjà misé que vous n'en avez besoin si vous misez vous-même en premier". Il prend pour exemple une situation où on relancerait K♠Q♥ en milieu de parole si personne n'a relancé auparavant, tandis qu'on ne suivrait pas une mise si un joueur en début de parole avait déjà relancé. La raison est simplement que si l'on est le premier à relancer, on a probablement la meilleure main, tandis que si un joueur a déjà ouvert les enchères en début de parole, il est probable qu'il ait une meilleure main, dominant souvent la nôtre comme AxKx ou AxQx. C'est le même principe qui est à l'oeuvre dans les phases de "push or fold" en tournoi.
Bluff et fold equity
Une autre raison pour jouer de manière agressive est que miser est le seul moyen de bluffer et de profiter de lafold equity. Il est évident que vous ne blufferez jamais personne en payant simplement une mise. Moins évidentes, sont des situations où la valeur d'une main vient de l'addition de fold equity et de la "showdown value". Comprenez qu'en relançant, vous vous donnez une chance de gagner immédiatement et une chance supplémentaire de gagner lorsque l'adversaire vous suit.
C'est le cas des semi-bluffs. Par exemple, vous suivez une relance au bouton avec des connecteurs assortis et trouvez un flop avec un tirage quinte plus un tirage couleur pour un total de 15 outs. Votre adversaire mise. Beaucoup de joueurs se contenteront de suivre ici pour voir si la turn leur apporte un de leurs outs pour compléter la quinte ou la couleur. La plupart du temps c'est un erreur.
Si votre adversaire a fait un continuation bet avec une main médiocre, il est peut probable qu'il poursuive son action après que vous avez payé son continuation bet. Si vous ne touchez aucun de vos outs sur la turn et que votre adversaire a une main décente, il vous fera sans doute payer cher pour voir la river en vous offrant des cotes négatives. La plupart du temps (selon la taille des tapis et celle du pot), mieux vaut sur-relancer dès le flop. Si vous mettez all-in, vous pouvez faire passer de meilleures mains (mains faites, hauteur supérieure à la vôtre) et, quand vous êtes payé, vous avez encore 15 outs (environ 55% de chances) pour gagner sur la turn et la river.
Miser pour valoriser les nuts
Miser et relancer sont aussi les meilleurs moyens de gagner de gros pots pour valoriser ses bonnes mains. Il est fréquent de voir des joueurs slowplay leurs grosses mains trop souvent. Par exemple, vous suivez une relance avec 8x8x au bouton contre un joueur serré qui a relancé under the gun. Un flop miraculeux vous apporte Ax8x8x sans tirage. Beaucoup de joueurs vont se contenter de check-call et tenteront peut-être une sur-relance river, certains d'avoir la meilleure main, ils ne veulent pas faire fuir le client. Pourtant relancer dès le flop sera souvent la meilleure façon de construire et remporter un gros pot. En effet, sur ce type de board, votre adversaire ne peut pas avoir de tirage. Sa seule possibilité est qu'il ait touché un As - ou non. Si cet As n'a pas amélioré sa main, il est peu probable que vous gagniez un gros pot de toute façon, en revanche s'il a touché, il faut lui prendre un pot le plus gros possible, quitte à le faire passer parfois sans prendre une mise de plus. Le principe étant que gagnez un gros pot de temps en temps est plus profitable sur le long terme que gagner des petits régulièrement.
Mesurer son agressivité : l'Aggression Factor
Un bon moyen de mesurer son agression est d'utiliser un tracker et d'observer "l'agression factor" (AF, facteur d'agression). Cette statistique est calculée comme suit : (nombre de bets+nombre de raises)/(nombre de calls). Si un joueur a un facteur d'agression de 1, cela signifie qu'il suit aussi souvent qu'il mise et relance et est considéré comme passif. Un joueur agressif a un AF de 2 et au delà de 3, on considère généralement un joueur comme trop agressif. Il est également possible de décomposer cette statistique street par street et voir si l'on est trop ou pas assez agressif sur une street donnée.
Trop agressif, c'est possible ? Malgré les avantages de l'agression au poker, être trop agressif peut être dévastateur, peut-être plus que d'être un joueur légèrement passif. Un joueur trop agressif est confronté à deux difficultés. La première est de faire passer toutes les mains moins bonnes que la sienne et de s'isoler trop souvent avec les seules mains qui peuvent le battre. Autre problème, il devient la cible idéale pour le slowplay. Quand vous savez à l'avance qu'un joueur va miser les trois streets consécutivement quelque soit la force de sa main, vous pouvez vous contentez de suivre ses mises et le laisser "s'empaler".
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