Stratégie poker : Bluffer le relanceur initial en restant crédible

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17 Mar 2013 7 min à lire

Après un premier article où il était question du bluff en tant que relanceur initial, nous nous intéressons aujourd'hui aux situations où l'on bluff contre le relanceur initial. L'objectif est de trouver les meilleures situations afin de bluffer de manière crédible.

Le bluff sur le flop

Bluffer au flop est sans doute la forme de bluff la plus simple et la plus répandue. Il y a quatre façons de bluffer au flop : donkbet, check-raise, raise et call.

Donkbet
Si vous êtes hors de position, dans les blinds par exemple, sur un flop avec de petites cartes qui n'ont probablement pas amélioré la main du relanceur préflop, miser en premier pour reprendre l'initiative (faire un donkbet) de temps à autres est une bonne option.

Souvent, il faudra une très bonne main à l'adversaire pour pouvoir relancer. Toutefois, beaucoup de joueurs réguliers n'hésiteront pas à relancer votre donkbet, sachant pertinemment que vous tentez de voler le pot. Choisissez donc les joueurs les plus faibles pour ce type de move.

Le point positif du donkbet contre un joueur agressif est de rapidement faire grossir le pot quand vous aurez touché un flop monstrueux.

Dans cet exemple, les chances que Villain ait touché ce flop sont minces. En revanche, il peut très bien avoir améliorer des mains qui vont payer la relance en big blind, comme J♠10♠.

Face à un joueur agressif, il est fréquent de voir ses donkbets être relancés. Dans ce cas, il y a deux options : passer si vous le voyez vraiment sur une bonne main ou sur-relancer, auquel cas il aura du mal à payer s'il n'a pas au moins une overpair.

Bien sûr, il ne faut pas donkbet à chaque occasion qui se présente, sans quoi vous ne serez pas crédible. En revanche, si vous avez déjà passé trois fois face un continuation bet, il est probable que votre adversaire donnera du crédit à votre donkbet … même si vous n'avez qu'une hauteur Sept.

Check-raise le relanceur initial
Oui, check-raise le relanceur initial en bluff est possible ! C'est même l'un des moves qui aura le plus de crédit. Check-raise indique tellement de force que peu de gens vont soupçonner un bluff.

La cible idéale est le joueur qui aime c-bet souvent mais qui passe presque toujours contre un check-raise. A l'inverse, prenez garde aux joueurs qui aiment payer des check-raises au flop pour push all-in sur à peu près n'importe quelle turn.

Les flops sans tirages sont mieux adaptés à ce type de check-raise. Si l'adversaire a un tirage, il est probable qu'il paye votre check-raise : vous serez donc dans une situation délicate pour jouer turn hors de position. Pour ma part, j'adore check-raise les flops hauteur As. Je crois que la plupart des joueurs en ligne passent trop souvent face à un check-raise sur un flop à l'As.

La range de Villain est 22+, KQ+ et peut-être quelques connecteurs assortis. Il va probablement faire un continuation bet avec la plupart de ces mains, parce qu'il peut facilement représenter un As. Mais quelles mains peuvent vraiment payer un check-raise ? AA, 88, 44, AJ, AQ et AK. Or sa range pour c-bet est bien plus large, il sera donc souvent forcé d'abandonner sa main. C'est une opportunité parfaite pour bluffer.

Attention aux bons joueurs ! Certains se rendront compte qu'il est très improbable que vous ayez effectivement un As ici, car un As devrait soit fold soit sur-relancer préflop. Mais cela relève d'un autre "level of thinking" - qui n'est pas le sujet du jour.

Relancer en position
Aborder toutes les configurations de relances en position ne serait pas possible en un seul article. Nous nous contenterons de faire bref en disant que relancer le flop en position un gros avantage : celui de souvent avoir le choix turn de continuer le bluff ou de prendre une carte gratuite, pour essayer de compléter un tirage par exemple.

Call au flop
Un call n'est pas à proprement parler un bluff - puisque l'adversaire n'a pas l'opportunité de passer. Mais c'est une bonne manière de représenter une main que l'on n'a pas et ainsi de pouvoirfloat la turn. L'idéal est d'avoir un petit quelque-chose en main afin d'avoir une chance d'améliorer notre main à l'occasion.

Squeeze sur le flop
Nous avions déjà parlé du squeeze dans la première partie. Cette fois, nous sommes contre le relanceur initial. Commençons par un exemple.

Voici un très bon exemple de squeeze. Villain 1 peut miser avec toutes les mains de sa range, Villain 2 paye sans doute avec une main marginale ou un tirage. Sinon, pourquoi laisserait-il une cote si favorable à Hero ?

Hero montre beaucoup de force car :
- un check-raise est plus souvent fait pour valoriser qu'en bluff
- Nous relançons contre le c-bet du relanceur préflop UTG
- Nous relançons hors de position et aurons beaucoup de difficulté à jouer la turn sans une bonne main
- Nous représentons une main du type 4x4x, 5x5x et 4x5x.

Si les deux adversaires réfléchissent à la force de notre range ici, ils vont probablement passer 95% de leur mains.

Bluffer sur la turn

Nous en arrivons au bluff à la turn. En général, ce n'est pas bon signe car cela indique que nous n'avons toujours pas de main et que le relanceur initial semble, lui, en avoir une.

Un bluff peut fonctionner si l'adversaire sait que nous savons qu'il une bonne main et que nous montrons tout de même de la force. Miser sur un board 10♠6♣6♠3♥ représente une ligne standard avec une main comme Jx10x. Mais relancer ou check-raise représente généralement une main plus forte qu'une simple top paire. Attention tout de même à ne pas faire ce type de move contre de mauvais joueurs, pour qui QxQx sont les nuts sur un board hauteur Valet !

Si ma sur-relance au flop est payée, je devrais passer sur la plupart des turns, à moins qu'une scare card tombe au bon moment.

La turn est parfaite pour bluffer. Quand Hero met all-in, il annonce ne pas avoir peur de l'As et pour la range de call de Villain au flop cet As est terrible. S'il a payé le flop avec 10xXx ou 10x10x+, il y a trois mains qui peuvent payer notre relance. Il sera difficile de suivre avec KK, QQ ou JJ. Les top paires au flop sans l'As comme kicker sont devenues des secondes paires. Si la turn avait été une brique, check-fold serait la meilleure option.

Le bluff sur la river

Les bluffs river sont les plus difficiles et les plus dangereux. Le plus simple est d'en faire le moins souvent possible. La raison est, qu'une fois arrivé river, le pot est souvent déjà conséquent et un bluff engagera souvent tout notre tapis. Ici, on peut aussi bien mettre all-in en premier, relancer all-in, faire une mise standard ou de la taille du pot.

En revanche payer deux streets pour compléter un tirage et envoyer all-in river quand il n'est pas rentré est le meilleur moyen d'être payé même par une main marginale. A l'inverse, faire ce type de move avec un monstre sur ce type de board est un bon moyen de rentabiliser.

Typiquement le genre de move à éviter. Il s'agit sans doute de la pire forme de bluff possible avec une chance infime de le voir fonctionner. Comment pourrait-il en être autrement ?

Dans cette main, il est très probable que l'adversaire ait suivi jusqu'à la river avec un tirage, c'est donc un moment idéal pour bluffer

J'espère que ces articles vous aideront à mieux choisir les situations dans lesquelles bluffer, le principal facteur étant de rester crédible pour réussir à bluffer de manière fructueuse.

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