Addiction : Une 'baleine' porte plainte contre Harrah's
Harrah's, le Caesars Palace et le Rio Casino font à nouveau parler d'eux, mais le plus grand groupe de casinos du monde se serait bien passé de ce genre de publicité. Les deux établissements de jeu et leur maison-mère sont en effet poursuivis par Terry Watanabe pour 'fraude, rupture de contrat, conspiration et négligence'.
L'ancien magnat de la vente par correspondance reproche essentiellement à l'encadrement d'Harrah's et de ses casinos d'avoir été au courant de ses problèmes d'addiction et d'avoir choisi d'en tirer profit plutôt que de lui venir en aide. Les casinos de Las Vegas retiennent leur souffle dans l'attente du procès, craignant qu'il n'entraîne une nouvelle jurisprudence, plus favorable aux joueurs compulsifs.
112M$ partis en fumée et 15M$ d'impayés
Terry Watanabe est un riche héritier qui a fait fortune en revendant il y a quelques années l'Oriental Trading Company, une entreprise créée par son père et qui s'est hissée au rang de leader mondial des produits festifs. Mais Watanabe est aussi une ancienne 'baleine' (whale) de Vegas, c'est-à-dire l'un de ces flambeurs milliardaires qui font vivre les casinos du Strip. Dans sa plainte, il explique avoir vécu pendant six mois au Caesar's Palace en 2007, après avoir précédemment fréquenté le Rio. Durant cette période, il aurait misé pour 825M$ dans les établissements d'Harrah's Entertainement et perdu 112M$ au total, essentiellement à la roulette et aux machines à sou. Son avocat estime qu'en 2006 et 2007, ses pertes de jeu ont constitué à elle seules 20% des revenus du Rio et du Caesar's Palace.
Terry Watanabee
La contre-attaque de Watanabe vient après une première offensive d'Harrah's, qui avait porté plainte contre son ancien client pour avoir émis 15 millions de dollars de chèques sans provision, sensés couvrir ses dettes de jeu. L'entreprise semble considérer que la plainte de Watanabe est une simple manœuvre tactique destinée à lui permettre d'échapper à ses responsabilités. Le 20 novembre dernier, dans les colonnes du journal britannique The Telegraph, le porte-parole d'Harrah's se voulait d'ailleurs serein, déclarant seulement : "Nos antécédents en matière d'éthique et de jeu responsable plaident en notre faveur (....) Nous possédons plus de licences de jeu que n'importe quelle autre société au monde".
Harrah's a-t-il encouragé l'addiction de Watanabe ?
Pourtant, l'une des allégations de Watanabe pourrait bien, si elle était vérifiée, valoir de sérieux ennuis au géant des casinos : Durant tout son séjour au Caesars Palace, les employés d'Harrah's l'auraient régulièrement fourni en antalgiques et en alcool, afin de le maintenir plus longtemps aux tables. Plus grave, Watanabee ne possédait aucune prescription médicale pour le produit en question, le Lortab, un opiacé de synthèse dont les effets sont démultipliés lorsqu'il est additionné à de l'alcool.
Plus généralement, les casinos de Las Vegas ne sont pas supposés laisser jouer des personnes visiblement intoxiquées, pas plus qu'ils n'ont le droit d'offrir de l'alcool à des joueurs déjà soûls. Pour l'heure, Harrah's se contente de faire valoir que son personnel ne possède pas les qualifications requises pour détecter les problèmes d'addiction et qu'il ne peut venir en aide aux personnes qui n'en réclament aucune. Aux Etats-Unis, les anciennes décisions de justice ont été plutôt défavorables aux joueurs compulsifs cherchant réparation auprès des tribunaux. Mais depuis que des fumeurs sont parvenus à faire condamner des géants du tabac, les paris restent ouverts.
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