Livre Poker : "Ship It Holla Ballas !" ou les grands débuts de Dwan et Galfond
Ship It Holla Ballas! ou comment un groupe de cancres de 19 ans s'est servi d'Internet pour accéder au statut de millionnaires les plus excentriques du poker. Ce livre en anglais, co-écrit par Jonathan Grotenstein et Storms Reback et publié aux éditions St Martin Press, se concentre sur l'essor de joueurs comme Andrew Robl, David Benefield, Phil Galfond et Tom Dwan. Le lecteur découvre enfin comment ces jeunes joueurs - qui sont tous aujourd'hui des superstars - se sont rencontrés, ont fait la fête et ont gagné et dépensé leurs premiers millions ensemble.
Ship It Holla Ballas expliqué
Il y aurait tellement de choses à dire sur ce livre, qui est une vraie mine d'or, que la synthèse s'annonce compliquée. Mais je pense que sa qualité première est avant tout de lever le voile sur les débuts de cette jeune génération de surdoués du poker. Quand j'ai entendu parler pour la première fois de Robl, Dwan, Galfond, Benefield et consorts, ils étaient déjà tous plus ou moins connus dans l'industrie. Ship It Hollas Ballas! comble les blancs entre le moment où ils ont commencé à apprendre le poker et celui où ils ont explosé au plus haut niveau.
Plus que de passer en revue des historiques de mains, le livre se concentre sur les aspects les plus clinquants du jeu – l'argent, la gloire et ce que vous pouvez en faire quand vous possédez les deux. L'expérience aidant, beaucoup d'entre nous ne prennent pas l'argent à la légère ; mais quand vous avez 19 ans, vous voyez les choses un peu différemment. Du coup, lire les "exploits" de cette bande de jeunes allumés, et savoir que des histoires encore plus saumâtres n'ont jamais été retranscrites sur papier, provoque des sentiments contradictoires, dédain et admiration mêlés.
Finalement, le livre inclue des photos jamais publiées jusqu'alors des "Holla ballas" à l'époque de leurs premiers exploits en ligne. Non seulement cela permet au lecteur de mettre des visages en face des patronymes qu'il croise au fil des pages, mais certaines de ces photos sont tout simplement hilarantes. Voir ces joueurs dans leur élément avant qu'ils ne deviennent "professionnels" donne l'impression d'avoir un accès privilégié à leurs albums-photo privés sur Facebook.
Le seul reproche que je pourrais faire aux auteurs est d'avoir privilégié les pseudos en ligne plutôt que les vrais noms des joueurs, qui ne sont pas mentionnés du tout. Grotenstein a expliqué qu'au temps des glorieux débuts du poker en ligne, avant Facebook, les joueurs n'étaient connus que par leurs pseudos. Les affrontements virtuels avaient ainsi un goût d'étrangeté que l'auteur a voulu, en n'utilisant que des pseudos, retranscrire au plus près. Pour ma part, je préfère largement connaître le véritable nom des gens plutôt que leur alias et j'ai donc pris la liberté de rajouter un état-civil à la plupart des pseudos que vous rencontrerez dans ce livre :
Dave “Irieguy” Elliott | -- | Peter “Apathy” Jetten | -- | Kevin “Bonafone” Boudreau |
Mario “Deuce2High” Silvestri | -- | Alan “TheUsher” Sass | -- | Jonathan “FieryJustice” Little |
Travis “TravestyFund” Rice | -- | Blake “EmpireMaker2” Stevenson | -- | Alec “Traheho” Torelli |
Ship It Hollas Ballas! est passionnant, il se dévore ; les histoires qu'on y lit sont parfois à peine croyables. En matière de littérature pokéristique, c'est sans aucun doute le meilleur bouquin non-stratégique que j'ai lu depuis des années. Grotenstein et Reback ont une manière tellement captivante de raconter ces aventures que j'ai avalé les 320 pages en deux jours à peine. Et vous en ferez de même.
L'interview de Jonathan Grotenstein
J'ai eu la chance de m'entretenir avec Grotenstein, qui a eu la gentillesse de répondre à quelques questions sur son livre.
- PokerNews: Pourquoi Storms Reback et toi-même avez-vous décidé d'écrire "Ship It Holla Ballas" ? De quand date ce projet ?
- Jonathan Grotenstein: L'idée remonte aux World Series of Poker 2006. Storms et moi avions été épaté de voir tous ces joueurs l'air tout droit sortis de la fac. Ca m'a rappelé ma première expérience dans une "poker room", à 21 ans, complètement terrifié : j'ai perdu 20$ en 10 minutes à une table de mémés féroces.
Mais ces jeunes loups de 21 ans, au contraire, semblaient évoluer en terrain conquis : le regard mauvais, ils enchaînaient l'air blasé des 3-bets et des 4-bets préflop dans des tournois dont le ticket d'entrée avait couté plus cher que ma première voiture.Il nous a fallu un moment pour réaliser que le futur du poker était là, sous nos yeux : ces gamins qui avaient tous 18 ans quand Moneymaker a remporté les WSOP ont pu — grâce au poker en ligne — s'échauffer pendant quelques millions de mains avant de se frotter à leurs premiers tournois Live. Et leur maîtrise était étonnante.
- Quand et comment as-tu entendu parler pour la première fois des "Ship It Holla Ballas" ?
- Quand on a commencé nos repérages pour trouver un angle à cette histoire, Storms a suggéré le nom d'Andrew Robl, qu'il avait déjà interviewé pour un magazine. Lorsqu'on a découvert qu'Andrew nous avait déjà mâché la moitié du boulot — en documentant, avec un luxe de détails embarrassant, deux années de sa vie et de celle de sa fine équipe — on a su qu'on avait trouvé notre homme.
- Est-ce que ça a été difficile de contacter puis d'obtenir la coopération de tes sujets d'étude ?
- On a contacté Andrew, qui avait quelques scrupules à se mettre lui-même la honte en nous racontant tout. Nous l'avons simplement persuadé que cette mortification additionnelle aurait des effets thérapeutiques et c'est lui qui a ensuite contacté les autres en leur parlant de notre projet.
- La plupart d'entre eux ont-il joué le jeu ou a-t-il fallu leur arracher les infos une à une ?
- Ce sont des joueurs de poker, donc ils ont l'habitude de retenir un peu l'info. Mais comme ce sont d'excellents joueurs de poker, ils sont aussi habitués à lire les gens ; et ils ont rapidement compris que Storms et moi, bien qu'assez peu recommandables à notre manière, étions plutôt du genre inoffensifs.
- Parmi les "Ship It Holla Ballas", y en a-t-il qui n'ont pas accepté de t'apporter leur concours ?
- On aurait aimé pouvoir parler à Phil Galfond, je suis sûr que le bouquin aurait été encore plus rigolo. Et puis cette fameuse nuit où j'ai loupé le coup de téléphone de “durrrr”, qui était à Paris, je sens qu'elle va me hanter encore un moment.
- De toute cette équipe, avec qui as-tu éprouvé le plus de plaisir à discuter ?
- A part Andrew, qui fait presque partie de la famille maintenant, Dave Benefield est le genre de type avec lequel on aurait adoré prendre des substances exotiques. Mais on a arrêté il y a longtemps. Et puis Peter Jetten, ce n'est pas un secret, est un type très sexy.
- Y a-t-il des chances pour que "Ship It Holla Ballas" ait une suite dans les années à venir ?
- Comme on l'a déjà expliqué à Peter Jetten, lors de notre dernier dîner ensemble, le livre bénéficierait grandement d'une victoire aux WSOP ou d'une mort violente. Depuis, Peter refuse de dîner avec nous, en tout cas pas sans goûteur. Et ce sera comme ça tant qu'un Balla n'aura pas remporté le Main Event. A la vérité, tout ce que je peux en dire, c'est que ces mômes sont en train de devenir des adultes passionnants et qu'une suite n'est donc pas du tout à écarter.
Les premières pages de "Ship It Holla Ballas !"
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