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Chronique Kipik poker : à vaincre sans péril....

8 min à lire
Chronique Kipik poker : à vaincre sans péril.... 0001

Je voudrais aujourd'hui parler d'un phénomène assez courant au poker. Et auquel les joueurs prêtent trop peu attention : être « priced in ». Autrement dit, avoir une cote tellement bonne qu'on ne peut pas abandonner.

Comme dans un film…

Situation typique : le Bouton relance, la Grosse Blinde (BB), shortstack (petit tapis), décide d'envoyer tout ce qui lui reste. Si le joueur au Bouton comprend un peu le poker, il va généralement payer la surelance. Et, bien plus souvent que la BB le voudrait, lui infliger un joli badbeat des familles.

Certes, ça anime un peu les discussions. Mais, surtout, il s'agit d'un scénario écrit d'avance qui prolonge parfaitement la chronique de la semaine dernière. La fold equity (FE) existe, et n'existe que, parce qu'un joueur peut se coucher.

Je répète : on a de la fold equity que si notre adversaire peut se coucher. Ce qui entraîne deux réflexions :

1/ il faut que la main en face soit assez faible pour que le joueur lâche l'affaire. Si votre adversaire a AA, vous pourrez pousser autant de blindes que vous voudrez préflop, il ne se couchera jamais (sauf cliquage malencontreux ou intervention maladroite du croupier en live). Votre FE est nulle.

2/ il faut que la cote pour payer soit assez mauvaise pour qu'il préfère cette option. Il s'agit bien d'un choix de votre adversaire. Je n'insisterai pas sur ce point mais plus le joueur est mauvais, plus le faire faire ce choix sera difficile. Pour autant, même contre un bon joueur, ce choix n'a parfois rien d'évident. Ou, plutôt, il est évident dans le sens qui vous arrangera le moins

Retour aux notions de base

Prenons l'exemple le plus basique qui soit :

Vous relancez du minimum en Petite Blinde (SB- et, non, ce n'est pas très bien joué) et le joueur de BB fait tapis pour une blinde (1bb) de plus. Même sans ante, le pot fait alors 2bb (votre relance) + 3bb (sa surelance) = 5. Vous devez donc payer 1bb pour en gagner 5, soit une cote de 5:1.

Même s'il vous montre AA et que vous avez 75, vous ne pouvez pas passer. Vous allez gagner 17% du temps et payer sera donc rentable (17/83, soit 4,85:1).

J'insiste bien sur le fait qu'il vous montre sa paire d'As. Et que cela ne change absolument rien au fait que vous deviez payer. Même avec votre maigre 75. La cote est juste suffisante pour que vous le fassiez malgré tout.

En remontant un peu le temps et en revenant à l'instant où vous décidez de faire une relance minimale avec 75, vous saviez déjà à ce moment que vous deviez payer un éventuel tapis pour 1bb de plus et, ce, quelle que soit la main de votre adversaire. Y compris s'il vous montre AA (autrement dit, vous auriez mieux fait de directement mettre en jeu son tapis, des fois que vous ayez une miette de FE en plus…).

Dans cette situation, la relance implique le fait de payer la surelance. Vous ne pouvez jamais passer. Et votre adversaire devra jouer sans aucune FE.

On recommence contre plus gros

Changeons un peu le scénario : vous relancez toujours 75, mais pour 3bb. Et votre adversaire fait tapis. Mais pour un montant cette fois plus « correct ». Devez-vous toujours payer ? Ou pouvez-vous vous coucher ?

Plusieurs facteurs sont à prendre en compte : son tapis. Son hand range.

Supposons pour commencer qu'il soit un joueur serré. Et ne ferait tapis ici qu'avec ses meilleures mains. Disons 5,3% des mains : 88+,AQ+.

La cote de 75 contre ces mains est de 25,5% (un peu mieux qu'une fois sur quatre, autrement dit, 3:1). Si la cote pour payer est donc de 3:1 ou plus, il sera rentable de payer.

Vous avez déjà investi 3bb. En supposant, pour simplifier, que vous êtes de Petite Blinde, le pot sera de 3+X (X=tapis de votre adversaire). Et vous devez payer X-3.

On a donc à résoudre 3+X=3*(X-3). Autrement dit X=6.

Si votre adversaire a 6bb, et que vous devez donc payer 3bb, payer sera correct. Et se coucher une erreur. Si son tapis est plus gros, payer un joueur aussi serré n'a pas d'intérêt.

Pour autant, ce scénario est peu probable. Certes, il existe des joueurs qui resteront aussi serrés avec seulement une poignée de blindes. Mais la plupart n'hésitera pas à prendre des risques avec des mains bien plus faibles.

Disons donc que la BB n'est pas la pire serrure de la terre et n'hésite pas à faire tapis avec tous ses As, toutes ses paires, toutes les « broadway » (combinaisons de deux cartes au-dessus du Dix). Cela représente un range bien plus ouvert : 27.6%.

Notre petit 75 se comporte bien mieux ici avec une équité de 34%.

Simplifions en disant qu'il va gagner une fois sur trois. Ou, donc, qu'il lui faut une cote de 2:1 pour que payer soit rentable.

Notre équation est alors : 3+X=2*(X-3). Et on trouve X=9

Il n'est juste pas possible de relancer 3bb et de se coucher contre un joueur qui fait tapis pour 9bb. Si vous ajoutez des ante, on passe à 10bb. S'il surelance plus de mains, on augmente encore (contre un joueur très agressif, qui surelancerait par exemple 35% de ses mains, 75 va gagner une fois sur deux et on ne peut même plus se coucher s'il a 13bb de tapis quand des ante sont en jeu).

Mieux vaut avoir du lourd quand on ne pèse pas assez

Cette cote de 2:1 est très importante au poker. Atteint cette cote, énormément de mains ne peuvent plus être couchées. Payer sera rentable beaucoup trop souvent.

Celui qui met son tapis en jeu en donnant une telle cote doit savoir que la réponse la plus probable pour son adversaire est le call. Sa fold equity est quasi nulle. Il ne peut rien espérer d'autre qu'un call de son adversaire. Et avoir la meilleure main à l'abattage.

L'exemple pris est peut-être très basique. Et le relanceur initial a une des pires poubelles. Une main comme A8 aurait une équité de 2,3:1 contre un range de surelance très serré. Q10, 2:1. Serré ou pas, 12 ou 13bb ne permettent plus alors d'espérer avoir de la FE.

Ceci dit, celui qui a fait la relance initiale doit aussi savoir, avant de faire sa relance, qu'il est condamné à payer le tapis de cet adversaire. Relancer et coucher avec une cote de 2:1, ou plus, est une horreur.

Or, dans la réalité des tournois que nous jouons, on ne cesse de voir des joueurs faire tapis sans fold equity et se plaindre de manquer de chance. Et d'autres relancer pour se coucher ensuite sur une surelance qui ne le permet pas. Toute relance, dans ce genre de situation, implique de payer le tapis. Toute surelance implique qu'on sera payé. Si vous ne comptez pas payer, ne relancez pas. Si vous ne voulez pas être payé, ne surelancez pas.

C'est un peu mieux mais c'est pas encore ça

Examinons comment se comportent quelques mains contre diverses ranges:

A8 contre 88+,ATs+,KTs+,AQo+ (7%) : 2:1

A2 contre 77+,A9s+,KTs+,QTs+,AJo+,KQo+ (10%) : mieux que 2:1

22 contre 88+,ATs+,KQs+,AQo+ (6%) : 2:1

67 contre 88+ATs+,KTs+,QJs+,AJo+,KQo (9%) : 2:1

QJ contre 99+,AQs+,AKo (4%) : 2:1

AQ contre JJ+,AK (3%) : quasiment 2:1

On pourrait presque continuer à l'infini tellement les situations où l'équité d'une main est supérieure ou égale à 2:1 sont nombreuses. Mais le plus important est surtout de retenir que, si on vous offre une telle cote, se coucher sera rarement la meilleure option. Et, inversement, qu'offrir une cote de 2:1 à son adversaire revient le plus souvent à l'inviter à jouer la main. A voir qui sera le plus fort à l'abattage.

Calculez avant d'agir

A chaque fois que vous envisagez une ligne de conduite où la fold equity représente une part de votre bénéfice espéré, vérifiez bien que vous disposez réellement de fold equity. Que votre adversaire puisse coucher une main médiocre. Et, plus encore, une main moyenne.

Si vous lui offrez du 2:1, ou mieux, il est plus que probable que vous serez payé. Vous devez donc considérer jouer sans fold equity : si vous mettez votre tapis en jeu, vous devrez le faire sur la seule valeur de votre main… et sans venir vous plaindre si le badbeat est au rendez-vous. Même le top 4% des mains perd une fois sur trois contre QJ. Si votre adversaire avait une cote de 2:1 pour payer avec son QJ, il n'a commis aucune erreur quand il trouve deux paire ou une quinte pour battre vos Rois.

En poussant ce raisonnement un peu loin, c'est même le joueur au QJ qui encaisse un badbeat quand vous retournez KK. Sa relance préflop est certainement correcte. Son call l'est tout autant. Pas de chance pour lui, vous êtes énorme.

A qui la faute ?

La faute, au final, vous incombe de ne pas avoir eu un stack suffisamment gros pour amener votre adversaire à faire une erreur (et encaisser le badbeat s'il paie quand même et chatte). Ou lui laisser une chance de coucher sa main. Même si, bien évidemment, vous êtes ravi de jouer votre paire de Rois contre ce genre de main… après tout, il aurait tout aussi bien pu avoir A5 et 33% d'équité. Auquel cas, même en voyant votre main, son call serait mathématiquement correct avec une cote de 2:1.

C'est une des raisons qui m'ont fait, la semaine dernière, insister sur l'importance de conserver un tapis aux alentours de 20bb. Tant que vous restez dans cette zone, vous n'offrirez que très rarement une cote satisfaisante à votre adversaire.

Non seulement vous allez amener les plus mauvais joueurs à commettre des erreurs. Mais, surtout, vous maximisez votre fold equity en offrant toujours une cote faible. Peu intéressante. Vous offrez en fait à l'autre joueur une chance d'abandonner. De ne pas se battre.

« A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », disait Corneille. Et le bon sens populaire en a fait un proverbe… que je vous recommande sérieusement d'enterrer aussi profond que possible. Ni le bon sens populaire, ni Corneille, ne jouaient au poker.

A vaincre sans péril, on encaisse des jetons facilement et on reste dans le tournoi. Tout le reste n'est que littérature…

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