Le dopage au Poker : 80% des joueurs y auraient recours
Les conclusions d'une étude récemment présentée par l'Université américaine de Nova Southeastern (Floride du Sud) sont sans appel : 80% des joueurs de poker utiliseraient diverses substances afin d'améliorer leurs performances aux tables. Notre discipline serait donc l'une de celles où le dopage est le plus répandu.
Les limites de l'étude
Cette étude, qui portait sur environ 200 joueurs, live et online, souffre bien de quelques défauts. Par exemple, le nombre d'individus questionnés n'est pas statistiquement représentatif et les résultats obtenus sur les joueurs de poker n'ont été comparés à aucune population-test. Mais elle a le mérite d'apporter un premier éclairage à une pratique qui n'est encadrée par aucune réglementation, le poker n'étant pas considéré comme un sport par la fédération olympique.
Les différents types de dopage possibles
80% des joueur interrogés au cours de l'étude ont déclaré avoir recours à une ou plusieurs substances pour améliorer leurs performances :
- 71% à la caféine
- 51% aux boissons énergisantes
- 46% à un complément alimentaire (vitamine B12, ginko, guarana, ginseng,...)
- 34% à la Marijuana
- 30% à l'alcool
- 29% à la nicotine
- 28% à des médicaments sous ordonnance (amphétamines, en majorité)
- 8% à la cocaine
Ce que les joueurs de poker recherchent
Les effets recherchés sont aussi variés que les substances concernées : les amphétamines serviraient à améliorer la concentration, la cocaine aiderait à résister à la somnolence, les bétabloquants, en faisant baisser le rythme cardiaque, éviteraient de révéler des tells, la marijuana permettrait de résister au Tilt tandis que d'autres médicaments délivrés sous ordonnance, de la famille des méthylphénidates, augmenteraient nos performances de mémorisation...
Plusieurs joueurs professionnels connus ne font d'ailleurs pas mystère de leur emploi régulier de certaines de ces substances; Ainsi, dans une interview datant de 2006 où on lui demandait pourquoi il avait subitement craqué dans un WPT organisé à Atlantic City alors qu'il faisait jusque là partie des Chipleaders, Mike Matusow a répondu : "Mon médecin s'est trompé dans ma prescription et le médicament qu'il m'a filé m'a rendu suicidaire à la table." Paul Phillips, qui a remporté plus de 2M$ sur le circuit avant de prendre sa retraite des tapis verts, à de son côté avoué que le Modafinl et d'autres produits l'aidaient à améliorer sa concentration durant les longs tournois.
Une pratique à risque mais encouragée
Le comité d'éthique de l'académie américaine de neurologie et le conseil de l'ordre des médecins britannique ont d'ailleurs tous les deux validé la prescription de médicaments dans un but non thérapeutique, pour améliorer ses performances. Ce qui risque de légitimer, aux yeux des joueurs qui n'employaient pas encore de produits dopants, le fait d'y avoir désormais recours. Car, ne nous méprenons pas, les risques de telles pratiques sont loin d'être négligeables pour la santé humaine : en plus de l'addiction, qui est toujours à redouter, les effets secondaires connus comprennent notamment des risques de cancer, de psychoses et de maladies cardiaques.
Peut-on vraiment combattre le dopage au poker ?
Mais les tenants d'une politique répressive face au dopage dans le poker se heurtent à des difficultés insolubles. La première concerne la définition exacte de ce qu'est le dopage. Le café, le tabac et l'alcool devraient-ils par exemple en faire partie ? Autre difficulté : comment mettre en place des tests de dépistage massifs lorsque plusieurs milliers de joueurs peuvent prendre part à une seule et même épreuve ? Enfin, est-il juste de s'attaquer au dopage dans les tournois live alors que la majorité des joueurs sévissent en ligne, à l'abri de tout risque de contrôle ? Bref, le débat est loin d'être clôt mais le dopage au poker semble avoir encore de beaux jours devant lui.
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